Edito de Verónica Gómez, Directrice d’ISTO Amériques
30 Juil 2021

Edito de Verónica Gómez, Directrice d’ISTO Amériques.

Des réflexions à partir de la deuxième édition de la Semaine Internationale du Tourisme pour Tous, Durable et Solidaire.

La Semaine Internationale du Tourisme pour Tous, Durable et Solidaire, organisée fin juin par ISTO en collaboration avec le Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme du Pérou (MINCETUR), nous a obligés à réfléchir, ensemble, au tourisme que nous voulons et que nous proposons avec nos membres pour l'avenir. Si la crise sanitaire mondiale du Covid-19 nous a contraints à une pause dans nos activités quotidiennes, elle nous a également obligés - que nous le reconnaissions ou non - à nous interroger sur nos façons de faire, que ce soit pour : " vendre " des expériences touristiques, accueillir les touristes et voir l’empreinte que nous laissions sur ces résidents et ces territoires qui les recevaient au quotidien.

Certains, plus optimistes que d'autres, pensaient, au début de cette pandémie, que cette réflexion forcée allait enclencher cette tendance que nous observions : celle d’être plus respectueux envers l'environnement, tout en renforçant une économie saine qui tenait compte des besoins des travailleurs du secteur et des communautés d’accueil de ces touristes. Plus tard, voyant que plusieurs parlaient de « réactiver » le tourisme sans le « repenser », beaucoup d’entre nous avons commencé à nous désenchanter de cette vision peut être « romantique » du nouveau tourisme ou du tourisme post-pandémie.

Mais ce qui est clair, c'est que les tendances observées, sont là pour rester, et ne le sont pas comme une mode passagère ou comme l'affaire de quelques initiatives dispersées ici et là dans le monde. Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que le tourisme doit être durable, sinon il n’y aura pas de tourisme. Pour cela, les personnes convaincues de l'importance de la durabilité devront se démarquer et se distinguer dans leurs pratiques, ouvrant la voie à celles qui sont moins convaincues ou même aux incrédules qui ne se sont pas encore lancés dans cette aventure.

Beaucoup de choses ont été dites au cours de cette Semaine Internationale, et beaucoup de matériel est à consulter, mais dans cette ligne de pensée, je voudrais souligner certains aspects que Juan Ignacio Pulido, professeur d'Économie appliquée à l'Université de Jaén, a partagé avec nous lors de sa conférence. Il a dit que nous devons comprendre que ce que nous « vendons » finalement dans le tourisme c’est le « droit à la satisfaction future d'une illusion ». Il est donc nécessaire de générer ces expériences transformatrices, qui entraînent un développement personnel et impliquent une plus grande interaction sociale; des aspects totalement en adéquation avec notre Déclaration de Montréal Pour une vision humaniste et sociale du tourisme (1996). Par conséquent, si nous voulons vraiment passer du célèbre « développement du tourisme » à un véritable tourisme de développement, nous devons alors changer de paradigme. Nous devons nous orienter vers ce nouveau touriste qui veut appartenir et non pas voir, qui a développé de « nouvelles valeurs citoyennes » comme l’affirme Pulido; ce qui implique une manière différente de consommer, qui est fondamentalement, « éthique ».

Mais ce ne sont pas seulement les touristes qui ont changé, cela doit aussi nous concerner, acteurs du secteur touristique. Nous devons également avoir changé, et en ce sens, nous devons avoir appris que le « succès » de nos destinations, comme le souligne à juste titre Pulido, ne doit plus se mesurer au nombre de touristes qui y arrivent, mais au nombre « suffisant pour générer les ressources nécessaires à une meilleure qualité de vie de ses habitants ».

Lorsque nous aurons appris à le mesurer de cette façon, nous réussirons à faire ce dont nous avons vraiment besoin : le tourisme en tant qu'outil d'amélioration de la qualité de vie des habitants. Nous n'y parviendrons qu'avec un travail coordonné, articulé, coopératif et en réseau, où nous cesserons d'être de simples concurrents pour aller vers une stratégie de « coopétition touristique » où tout en unissant nos forces dans une lutte commune, nous mettrons de l’avant nos valeurs les plus intrinsèques, celles qui définissent l'ADN du tourisme social dans ses 5 grandes composantes : l'inclusion, la solidarité, la qualité de vie, l'environnement et le commerce équitable.

S'il y a une chose que cette Semaine Internationale de réflexion et d'échanges nous a laissée, c'est la conviction que quelque chose est enfin en train de changer, que nous sommes de plus en plus nombreux à élever la voix pour la mise en œuvre ou la poursuite de pratiques durables avec les communautés et les territoires, mais surtout, que nous sommes de plus en plus nombreux à mettre l’être humain au centre de notre activité.

Poursuivons notre travail en faveur d'un tourisme au service des personnes, des communautés et des territoires ! Les membres d'ISTO le font depuis longtemps, n'hésitez pas vous renseigner, vous trouverez de nombreuses actions inspirantes au sein de notre réseau international.