Contribution de CETT
31 Mai 2020

Contribution de CETT.

La crise du Coronavirus a mis un coup d'arrêt brutal à notre vie quotidienne. Parmi les différentes sphères d'activité qui ont été touchées, le tourisme, en tant qu'activité basée sur la mobilité et les contacts humains, a directement souffert des conséquences des politiques visant à contenir la contagion.

Cependant, bien que cette année et peut-être les prochaines années soient difficiles pour les entreprises du secteur, le tourisme en tant qu'activité ne semble pas vouloir disparaître à moyen terme. Nous pouvons le pressentir à travers les témoignages que nous retrouvons sur les réseaux sociaux où nous observons que les personnes attendent avec impatience l'occasion de retrouver leurs amis et leurs proches ; ainsi que de quitter leur maison et de visiter différents endroits qui n'ont pas été à leur portée pendant ces mois de confinement. Ainsi, à l'avenir, la valeur du voyage pour notre expérience de vie pourrait même être réaffirmée et l'intérêt manifesté pour les déplacements accru. Cependant, même si nous affirmons que la motivation pour faire du tourisme ne va pas disparaître, nous ne pouvons pas nier qu'il existe différents regards sur le tourisme qui nous obligent à repenser le secteur. D'une part, pendant le scénario pré-pandémique, la société avait déjà prise conscience des externalités négatives du secteur touristique.

Dans cette optique, la période de confinement a permis de confirmer le stress environnemental auquel sont soumises les destinations touristiques, l'un des thèmes récurrents étant l'eau cristalline des canaux de Venise ou la réduction brutale du trafic aérien. D'autre part, la crise générée par la pandémie a rendu encore plus urgent le besoin de sécuriser et valoriser les emplois dans le tourisme. D'autres aspects susceptibles de marquer les nouvelles manières de faire du tourisme constituent le besoin d'établir un contact authentique entre les résidents et les visiteurs, en favorisant des espaces de rencontre entre les deux groupes pour éviter le vide de certains espaces urbains intensément dédiés au tourisme. De plus, il est indéniable que le covid-19 et ses effets, ainsi que la souffrance personnelle de chaque cas spécifique, ont généré un contexte de peur avant que toute action que nous percevons n'augmente le risque de contagion et, en tant qu'individus, nous avons été chargés de minimiser la propagation de la pandémie.

En ce sens, les entreprises et les destinations touristiques doivent être capables d'intégrer ces différentes dynamiques et de s'adapter aux nouveaux scénarios qui peuvent découler du rapprochement entre les différents aspects mentionnés.

Dans ce contexte, le concept d'éthique semble pertinent. Il se justifie par deux raisons. D'abord parce que l'éthique, en tant que discipline, ne se préoccupe pas tant d'une connaissance descriptive de la réalité, mais se fonde sur des connaissances pratiques, permettant de réfléchir à la manière dont la réalité devrait être configurée. Dans une époque d'incertitude comme celle que nous vivons et dans laquelle, comme nous l'avons dit, le tourisme doit apporter une réponse à la confluence de différentes tendances, l'approche réflexive et propositionnelle de l'éthique est utile pour esquisser et définir de nouvelles stratégies et de bonnes pratiques. Ensuite, parce que comprendre le tourisme dans une perspective éthique permet de placer des valeurs telles que le dialogue, la confiance, l'hospitalité et la responsabilité sociale, entre autres, au centre du discours sur le tourisme. Ces valeurs permettent de redéfinir le rôle que les entreprises et les administrations publiques du tourisme doivent jouer dans la destination touristique afin d'établir une relation de confiance avec la société, ainsi que de placer la dimension humaine du tourisme au centre de l'activité touristique, c'est-à-dire la rencontre active entre personnes d'origines différentes. C'est ainsi que l'éthique peut aider à transformer la situation actuelle en une opportunité de transformation pour un tourisme qui apporte une contribution positive à la fois à la société de destination et au voyageur lui-même en lui offrant une expérience véritablement transformatrice.

Sabrina Urrutia - ISTO 31-05-2020